Le champ d’intervention est vaste, car, loin de se cantonner au “beau”, la notion de patrimoine culturel recouvre tout ce qui peut nourrir l’histoire, l’histoire de l’art, des mentalités, des sciences et des techniques, et plus généralement des manières de vivre. Depuis 1964, il s’est accru avec l’élargissement du champ patrimonial qui englobe désormais aussi bien le militaire et l’industriel que le rural et l’urbain, les productions de série que les œuvres d’art, l’exceptionnel que l’architecture et les objets du quotidien. Il recouvre des éléments qui, considérés longtemps comme sans intérêt, courent le risque de disparaître progressivement du paysage et de la mémoire.
Les liens entre l’architecture et les objets qu’elle contient ont toujours eu une grande importance dans la conduite des opérations d’étude. Il est complété par la prise en compte de plus en plus importante d’une approche territoriale qui s’intéresse aussi à l’organisation spatiale, au paysage et aux liens entre patrimoine naturel et patrimoine culturel.
Depuis plusieurs années, l’usage de l’architecture et des objets, hier et aujourd’hui, est également un critère d’analyse permettant de ne pas séparer histoire sociale et histoire du patrimoine.
Le champ chronologique s’est aussi progressivement élargi, l’Inventaire général étudie désormais le patrimoine jusqu’aux années 1980 et peut concerner ponctuellement des édifices ou des objets des années 2000 (toutefois un recul de 30 ans s’avère souvent nécessaire). Une nouvelle source vient enrichir les enquêtes sur le patrimoine récent : les entretiens avec les acteurs, maîtres d’œuvre (architectes, artistes) ou les maîtres d’ouvrage et les utilisateurs. Ainsi l’humain est davantage présent et les dossiers peuvent être complétés par des portraits ou des enregistrements. Les premiers essais d’usage de ces nouvelles ressources sont en cours. La démarche prend soin d’éviter deux écueils, celui de ne retenir que les chefs-d’œuvre d’une époque révolue et celui d’accumuler sans répit des données sur tout, au risque de submerger l’utilisateur sous une documentation surabondante.