Histoire de l'Inventaire du patrimoine (3/6)

La priorité : identifier pour éviter la disparition du patrimoine majeur

L’urgence de la lutte contre les démolitions prévalut tout le 19e siècle et ce fut d’abord la législation permettant la protection au titre des Monuments historiques qui fut mise en place. Cependant il y eut quelques actions plus spécifiquement dédiées à la connaissance comme le Comité des arts et monuments, présidé après 1837 par Victor Cousin (1792-1867) dont la mission était de « fai[re] connaître tous les monuments d’art en France dans tous les genres : monuments religieux, militaires, civils. ..fai[re] dessiner et graver pour les conserver à l’avenir les œuvres remarquables d’Architecture, de peinture, de sculpture en pierre, en marbre, en bois… ».

Rapport sur les monuments historiques des arrondissements de Nancy et de Toul

Mais il fallut en fait attendre 1837 pour voir un premier travail d’inventaire réalisé dans le département de la Meurthe par Grille de Beuzelin (1808- 1845) sous forme d’un Rapport sur les monuments historiques des arrondissements de Nancy et de Toul, pourvu de 101 dessins sur 56 monuments sélectionnés parmi un échantillon de 109 édifices. La visite de terrain avait été complétée par la consultation ” des chartes anciennes de la bibliothèque municipale de Nancy “. La publication précède de peu les premières protections au titre des Monuments historiques en 1840.

Enfin, il faut aussi signaler L’Inventaire général des Richesses d’art de la France dont plus de vingt volumes sont publiés entre 1878 et 1913 par le Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Toutes ces opérations mettaient l’accent sur des édifices majeurs liés fortement à l’histoire de France et aux grands noms de l’histoire de l’art.

Les sociétés savantes lancèrent de leur côté des études généralement thématiques ou chronothématiques dont les données précieuses sont aujourd’hui dispersées. Riches d’informations issues de sources disparues notamment suite aux conflits de 1870, 1914-1918 et 1939-1945, elles sont néanmoins dépourvues de structuration normée.

Le DENKMALARCHIV

À la fin du 19e siècle, les départements réunis pour constituer le Reichland d’Alsace-Lorraine (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle) connurent une situation particulière avec l’instauration d’un service du patrimoine, qui a très tôt constitué une collection de documents (textes et illustrations), décrivant à la fois les édifices et les découvertes archéologiques de la région : le Denkmalarchiv. L’importante documentation est en partie numérisée (voir Denkmalarchiv | Documentation et patrimoine DRAC Grand Est)

 

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