Histoire de l'inventaire du patrimoine (5/6)

L’établissement d’un inventaire monumental

C’est dans le contexte économique de croissance des années 1960 qu’une attention particulière est portée à l’aménagement du territoire, à l’éducation populaire et au développement culturel. Lors de l’élaboration du IVe plan de développement économique et social, l’historien d’art Marcel Aubert (1884-1962) propose en tant que président du groupe de réflexion sur les monuments historiques que :

« L’établissement d’un inventaire monumental tendra à la même politique d’intégration de ce patrimoine dans la vie nationale. L’inventaire portera sur les immeubles et objets mobiliers. Il aura, bien entendu, pour but fondamental d’établir le dossier scientifique de chaque monument classé ou figurant à l’Inventaire administratif afin d’en préciser la valeur artistique, historique et archéologique ; il éclairera les décisions en ce qui concerne les travaux de conservation. Il sera accessible aux enseignants ainsi qu’aux organisations et aux publications culturelles. Des commissions nationale et régionales devront en préparer l’établissement. »

 

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L’idée est retenue et l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France est alors créé par arrêté du 4 mars 1964 par André Malraux (1901-1976), Ministre d’Etat chargé des affaires culturelles qui s’entoure des conseils d’André Chastel (1912-1990), historien de l’art. Il s’agit de mettre en place un lieu de recherche fondamentale dissociée de la finalité de la conservation.

Pour la première fois était clairement établie une distinction entre un inventaire de connaissances qui est un outil d’aide à la réflexion et les mesures réglementaires de protection des Monuments Historiques.

Le champ d’action ne cessa dès lors de s’élargir s’ouvrant au patrimoine industriel et artisanal puis à celui du 20e siècle. Défini au début par la formule « de la petite cuillère à la cathédrale », il prend en compte aujourd’hui l’organisation spatiale du territoire, les usages du bâti et des objets, les liens entre savoir-faire, technologie et construction, la pratique sociale et religieuse.

 

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